Médecins en grève

Madame Marisol Toutbaigne, la grande prêtresse du « foutage de gueule » a frappé. Sa propagande est reprise en écho dans tous les médias: « Pourquoi les affreux médecins rejettent le tiers payant généralisé? Alors que ça facilite l’accès aux soins pour les plus modestes et que près d’un tiers de la population a déjà, au moins une fois, dû renoncer à des soins! »

Or les plus modestes bénéficient déjà (et souvent abusent, je peux en témoigner) de la complémentaire santé, de la CMU et même de l’Aide Médicale d’Etat pour les étrangers en situation …irrégulière (un comble !). Et le coût de ces aides pour la Société, c’est-à-dire ceux qui cotisent et payent leurs impôts, devient tellement exponentiel que c’en est à se demander s’il y a le moindre contrôle.

De plus l’enquête sur laquelle notre ministre base sa perfide argumentation a été faite dans le cadre des soins dentaires et des lunettes, deux domaines où le tiers payant généralisé ne risque pas d’améliorer les choses au vu du total désengagement de la Sécu.

Donc on nous ment ! Et que cache ce vilain mensonge ?

Tout simplement la volonté politique de transformer notre système libéral de santé en un modèle étatisé, contrôlé par les Caisses, les Mutuelles et les ARS (Agences Régionales de Santé).

Le tiers payant universel est le tremplin obligé pour asservir les professionnels de santé à ces tutelles. Cela s’est fait dans tous les pays européens (sauf la Belgique et le Luxembourg) et le principe a fait ses preuves : on oblige dans un premier temps les professionnels de santé à passer le plus clair de leur temps, non pas à soigner leurs patients, mais à courir derrière leurs honoraires auprès des  presque 80 Caisses existantes et des plus de 600 mutuelles.

On allonge sans vergogne les délais de paiement, ce qui permet au passage de se faire de la trésorerie sur le dos des soignants.

Et très vite, on asphyxie les cabinets médicaux qui, comme toutes les mini-entreprises de notre beau pays, doivent payer leurs charges avant même d’encaisser des recettes.

Il suffit alors de proposer aux libéraux moribonds d’être directement payés via une Caisse d’Etat qui se charge elle-même de se faire rembourser par les autres Caisses et les mutuelles, voire les Assurances…et le tour est joué. La quasi-totalité des libéraux, en particulier les plus jeunes, accepteront  ce marché tentant et vendront leur âme et leur liberté pour un salaire garanti.

Mais les malades sont-ils concernés  par ce projet ?

En fait, ils en pâtiront bien plus que les médecins, et apparemment sans le savoir, si l’on considère leur faible soutien au récent mouvement de protestation. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil chez nos voisins, en particulier anglais ou allemands qui semblent représenter une référence pour nos dirigeants. Pour un salaire 2 à 3 fois supérieur à celui d’un collègue français et des horaires aménagés, les généralistes exercent dans des centres totalement équipés où ils disposent de secrétaires et de nurses (infirmières) pour les assister. De telles conditions convaincront de très nombreux confrères qui y verront un avenir plutôt …rose.

Par contre,  on y pratique une médecine directement formatée par les contraintes économiques. Quand ce système sera importé en France, cela signifiera par exemple pour les malades :

=> plus de libre choix du médecin traitant : on dépendra obligatoirement d’un référent géographique

=> plus de visite à domicile : il faudra se rendre dans la maison de santé, quelque soit son état

=> plus de mention « non substituable » : on devra accepter systématiquement les génériques

=> plus de refus de vaccination …même si l’on doute (parfois à juste titre) de l’innocuité de certains produits conseillés par des experts surtout spécialistes en « conflits d’intérêts »

=> plus de possibilité de RV : les surbookés s’entasseront dans les salles d’attente surchargées comme les autres patients (…qui n’auront jamais autant mérité cette dénomination !)

=> plus de prise en charge des personnes au-delà d’un certain âge ou degré de pathologie : mais si ! ça existe déjà ailleurs, et dans des pays pourtant dits développés…

=> et surtout plus de « french medical touch », ce mélange de disponibilité, de zèle, d’empathie et de courtoisie que votre cher toubib libéral abandonnera au vestiaire quand il deviendra votre praticien territorial étatisé.

Tout cela existe déjà ; la boite à outils a été constituée au cours des dernières années. Notre ministre est impatiente de s’en servir mais la serrure est encore fermée et la clef pour l’ouvrir s’appelle tiers payant universel.

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