L’inscription à l’Ordre des Médecins et le règlement de la cotisation annuelle constituent le passage obligé de tout médecin souhaitant exercer en France. Cette institution a été créé en 1940 par le régime collaborationniste de Vichy avec, comme mission principale, la traque des médecins juifs et la dénonciation des résistants. Il s’acquit de sa tâche, plus ou moins bien selon les historiens, jusqu’à la réussite du débarquement allié en Normandie qui amena son président de l’époque à adresser, en juillet 1944, un télégramme à tous les médecins de notre pays pour leur rappeler, enfin, le caractère absolu du secret médical.

Évidemment, ce premier Ordre, complice de l’occupant nazi, a été supprimé à la Libération et remplacé par son homonyme avec une magnifique devise : « être au service des médecins dans l’intérêt des patients ». Pourtant, chassez le naturel et vous le verrez revenir au galop… Si les Juifs n’ont heureusement plus rien à craindre de lui, cet organisme se montre toujours particulièrement zélé à l’égard du pouvoir en place, quelle que soit d’ailleurs sa couleur politique. Peut-être parce que son existence se voit remettre en cause quasiment à chaque élection présidentielle. Le candidat Mitterrand n’avait-il pas prévu la suppression de l’Ordre des Médecins comme 85ème proposition de son programme ? Il en abandonna l’idée après sa victoire, mais nos représentants ont senti passer si fort le vent du boulet que leur obédience s’en trouva décuplée au point de se transformer, à l’encontre de leurs adhérents, en exécuteurs des hautes œuvres gouvernementales. Pour ne prendre que les plus récents exemples, je citerai d’abord l’affaire des vaccins obligatoires. Pour appuyer la décision ministérielle, prise dans des conditions contestables et rocambolesques, qui imposait par la Loi à tous les bébés français de recevoir, dans leurs deux premières années de vie, plus d’une dizaine de vaccins, pour la plupart en 2 ou 3 injections, alors qu’il n’existe dans le monde aucune sentence équivalente, l’Ordre s’est empressé de diffuser à l’ensemble du corps médical une circulaire rappelant que tout médecin qui refuserait d’administrer un seul vaccin obligatoire serait immédiatement radié. Une telle sanction signifie l’impossibilité d’exercer cette profession non seulement en France, mais aussi en Europe et dans la majorité des pays occidentaux. Quelque mois plus tard, la même Ministre pour satisfaire la même industrie pharmaceutique avec laquelle elle a collaboré de longues et nombreuses années, a décrété le déremboursement de l’homéopathie. Aussitôt l’Ordre des Médecins a contraint tous les homéopathes, dont il avait pourtant cautionné les diplômes depuis plus d’un demi-siècle, à faire instantanément disparaitre de leurs plaques professionnelles et de leurs ordonnances toute mention relative à cette spécificité.

Comble de la honte, la Cour des Comptes a publié, à la fin de l’année 2019, un rapport dans lequel elle fustige l’honorable Institution à peu près dans tous ses domaines d’intervention : indemnités disproportionnées, dépassement exagéré de devis pour des travaux d’aménagement, détournement de matériel informatique, favoritisme familial, … Mais pour moi, le plus choquant reste la discipline à géométrie variable ! Comment cet organisme, certes privé mais chargé d’une mission publique, peut-il continuer, et de plus belle au cours des dernières années, à faire preuve d’un corporatisme révolu et d’un inacceptable protectionnisme envers ses amis et ses membres élus. Je peux en attester pour le vivre actuellement dans le cadre de deux dossiers que j’ai eu à défendre en tant qu’expert en Droit Médical et spécialiste en Réparation Juridique du Dommage Corporel. Deux dossiers, apparemment incroyables mais parfaitement authentiques, sont en cours d’instruction tant sur le plan disciplinaire que pénal et seront certainement rendus publics dans les prochaines semaines.

Le premier concerne une enfant âgée d’à peine 3 ans à la date des faits. Ses parents vivent séparés et distants de plus de 400 kms. Le père en a la garde principale mais la petite séjourne le plus souvent chez son grand-père paternel, un alcoolique notoire. Celui-ci amène un soir sa petite-fille chez son généraliste en raison d’une sévère irritation des parties génitales pour laquelle il souhaite une crème susceptible d’effacer rapidement tout stigmate. Le médecin consulté, sans aller plus loin, préconise l’application de Cetavlon ® en pommade, en se gardant bien de rédiger une ordonnance synonyme de trace écrite. Cette pommade très efficace mais cancérigène sur des muqueuses infantiles sera appliquée pendant 3 ans jusqu’à ce que la mère en obtienne l’interdiction d’utilisation. Celle-ci a porté plainte contre le médecin fautif qui, malgré les preuves écrasantes, a été totalement blanchi par ses Pairs en première instance. Coïncidence ? Il est Membre Titulaire d’une Chambre Disciplinaire Régionale.

La seconde affaire concerne cette fois une nonagénaire en fin de vie, résidant en EHPAD et ayant vécu un véritable calvaire de cinq longues semaines. En effet, le médecin coordonnateur de l’établissement et le médecin traitant de la patiente ont refusé l’intervention, à son chevet, des spécialistes en soins palliatifs tout en maintenant délibérément les antalgiques à des posologies minimalistes et manifestement inefficaces. J’ai rédigé un rapport accablant d’une soixantaine de pages, parfaitement étayé par de nombreuses preuves officielles et irréfutables. Je l’ai soumis au Conseil National, lequel n’y a donné aucune suite et a même incité les deux médecins coupables à porter plainte contre mois pour « manque de confraternité ». Nouvelle coïncidence ? Les deux médecins sont Membres Titulaires d’un Conseil Départemental de l’Ordre et responsables régionaux du premier syndicat médical français.

Je risque la radiation, mais finalement je m’en tire bien. Il n’y a pas si longtemps, l’Ordre faisait fusiller les médecins entrés en Résistance…

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