Les médecins libéraux les appellent des arrêts de maladie. Pour les médecins de la sécurité sociale, ce sont des arrêts de travail. Toute la différence est là. Chez les premiers, on estime que c’est la maladie ou l’accident qui impose l’interruption d’activité. Chez les seconds, on considère trop souvent que le motif médical ne constitue qu’un prétexte pour tirer au flanc.

D’un côté, la compassion ; de l’autre la suspicion… D’une part, des jours de repos probablement nécessaires et, de l’autre, des indemnités journalières probablement indues…! Certes, il y a parfois des abus comme de prendre quelques jours de repos afin de repeindre son logement, de multiplier les petits arrêts moins repérables que ceux qui s’étirent dans le temps, ou encore de modifier régulièrement la rubrique « diagnostic » pour tromper l’adversaire, souvent un employé administratif aux connaissances médicales restreintes. Mais très franchement, et toutes les études le démontrent, on se situe dans la dilution homéopathique.

Cependant, étant comme chacun sait, obsédée par les dépenses non médicamenteuses, l’assurance-maladie a mis, depuis des années, l’essentiel de son énergie dans la traque des affiliés supposés fainéants et la sanction des prescripteurs forcément complaisants. Pour cela, elle dispose aujourd’hui d’une armée de petits comptables, experts en calcul élémentaire, des véritables pros de l’addition, la seule opération arithmétique qu’ils aient besoin de savoir maîtriser.

En effet, ces génies du boulier additionnent tous les jours, pour chacun des médecins dont ils assurent la surveillance, les jours d’arrêts qu’ils ont prescrits. Et cela, évidemment, sans tenir le moindre compte du dossier médical ou du contexte socio-professionnel des patients concernés. En fin d’année, leur calculette leur imprime le total et les médecins qui dépassent la moyenne de leurs confrères sont convoqués à la CPAM pour rendre des comptes… avant de rendre des sous !

C’est ainsi qu’un jour de Février, je fus à mon tour convoqué par le Directeur de ma Caisse Primaire pour des prescriptions jugées excessives. J’avais bien peaufiné mon dossier. Je comptais expliquer que les trois-quarts de mes patients adultes exerçant une activité professionnelle, je prescrivais plus d’arrêts de maladie que si j’exerçais en maison de retraite ou dans un quartier défavorisé où le chômage avoisine les 50%… Je m’apprêtais aussi à lui suggérer de s’intéresser un peu aux spécialistes qui encaissent leurs honoraires et refilent la patate chaude aux généralistes pour rédiger, à leur place, les formulaires maudits. Comme ce patient, victime d’un accident de travail ayant entraîné une fracture multiple du bassin, qui allait tous les mois consulter son chirurgien en ambulance et m’appelait ensuite à son domicile simplement pour lui fournir le papelard ad hoc ! De quoi plomber largement à la fois mes statistiques et mon moral de praticien…

Cependant, je n’eus pas l’occasion de développer mon argumentaire car, la veille de l’audience, je reçus un coup de fil d’une secrétaire qui m’annonça, sur un ton gêné, l’annulation de mon rendez-vous, le Directeur de la CPAM étant en arrêt de maladie d’une semaine pour un « mauvais rhume » … !

Il faut dire qu’à l’instar des cordonniers souvent les plus mal chaussés, ceux qui sont chargés de contrôler la validité des arrêts de travail sont aussi, d’après d’autres statisticiens, ceux qui en usent le plus. Et en outre, sans respecter forcément les durées qu’eux-mêmes préconisent. Ainsi pour un simple rhume, même « mauvais », ou pour une infection virale de saison, c’est maximum trois jours et non pas une semaine. D’ailleurs, lorsqu’un médecin remplit un formulaire d’arrêt de travail sur informatique, dès qu’il inscrit le nom de la maladie causale, le nombre de jours préconisé la Sécu s’incrémente directement dans la case « Durée ». Gare à celui qui viendrait à le modifier… sauf, évidemment, dans le sens d’un raccourcissement !

Dans le cas particulier, si ce directeur avait daigné me confier sa santé plutôt que sa comptabilité, j’aurais pu l’aider à éviter ce genre d’affection saisonnière avec un petit traitement préventif qui a largement fait ses preuves chez tous mes patients en âge de lire le Journal de Tintin (de 7 à 77 ans… et au-delà).

Je leur faisais prendre 10 jours par mois, de septembre à décembre, une gélule de probiotiques le matin que j’associais à une ampoule de soufre oligosol les jours pairs et à une dose de manganèse-cuivre oligosol les jours impairs.

J’y ajoutais une ampoule de vitamine D 100 000 unités en septembre, novembre, janvier et mars ainsi qu’un traitement préventif de la grippe par Influenzinum 9 CH, une dose hebdomadaire de novembre à fin avril.

Sans oublier en période épidémique, que les mouchoirs jetables sont, par définition, non réutilisables, que les rinçages de nez au sérum marin éliminent les microbes trouvant refuge au fond de nos choanes et que le lavage régulier des mains, éventuellement au SHA (soluté hydro-alcoolique), surtout avant de passer à table, reste la meilleure prévention des rhino-pharyngites.

J’ai ainsi obtenu des résultats remarquables chez mes patients en les empêchant d’attraper des « mauvais rhumes », et en leur évitant, par la même occasion, les exemptions scolaires chez les plus jeunes et les… arrêts de travail chez les autres.

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