Sa chevelure rousse fait ressortir la pétillance de ses yeux bleus. Elle possède un coefficient intellectuel bien au-dessus de la moyenne. Cela prouve, s’il en était encore besoin, qu’une femme peut être à la fois séduisante et cortiquée. En langage technique, les spécialistes parlent de HPI, acronyme signifiant haut potentiel intellectuel. La série éponyme que vient de diffuser TF1 fait exploser les meilleurs scores d’audience, et par là même, le chiffre d’affaires des psycho-charlatans de tous poils, autoproclamés coaches en développement neuronal. Moyennant une somme aussi coquette que rondelette, ils se reconvertissent dans l’arnaque cognitive en proposant, sur Internet, de tester vos capacités de déduction par la réalisation de tests rationnels comme celui énoncé dans le titre de cette chronique. Selon vous, après les chiffres 1, 3, 5 et 7, quel chiffre devrait logiquement suivre ? Trois solutions sont soumises à votre sagacité : 9, 11 ou 16. Verdict à la fin de cet article…

Personnellement, l’armée m’a pris mon QI lors de la visite d’incorporation pour le service militaire et ne me l’a jamais rendu. J’en ignore donc le résultat mais il ne devait pas être trop mauvais car, peu après la fin des tests, deux gradés m’ont convoqué pour me proposer, au vu du score obtenu et avec une déférence qui n’avait d’égale que leur admiration, d’intégrer le corps des officiers de réserve. C’est dire à quel point j’avais dû affoler les compteurs. Je n’ai jamais donné suite à leur alléchante proposition, mais à partir de ce jour, je me suis intéressé au sujet en tentant de répondre à quelques questions existentielles.

Est-on surdoué dès la naissance ? Non. Quelle que soit la nationalité, la couleur de peau ou la situation d’origine, tous les nouveau-nés ont au départ un capital identique de plusieurs dizaines de milliards de cellules nerveuses. Comme ce sont les seules de l’organisme à ne pas se renouveler, elles ne font que disparaitre à partir de l’âge adulte, plus ou moins rapidement selon qu’on les utilise ou pas et en fonction de notre hygiène de vie.

Peut-on développer son potentiel intellectuel ? Oui. Pourtant, les neurones morts ne ressuscitent pas. Cela pose problème notamment lorsqu’un grand nombre d’entre eux meurent du fait, par exemple, d’un accident vasculaire cérébral ou d’un traumatisme crânien. Mais par contre, ils ont une aptitude tout-à-fait singulière. Ils émettent des prolongements capables de se connecter entre eux pour rétablir des fonctions perdues ou en créer de nouvelles. Et, miracle de la nature, ces interconnexions peuvent continuer à se multiplier tout au long de la vie, jusqu’à un âge avancé, et d’autant plus qu’on les stimule quotidiennement !

Alors comment faire pour augmenter ses performances cérébrales ? Par la réflexion, la communication avec les autres, l’acquisition de compétences, les relations humaines ou simplement le sport cérébral. Cela peut se faire tout au long de la vie, quel que soit son niveau socio-professionnel. Puisque la médecine a rajouté des années à la vie, il faut savoir apporter de la vie aux années. Toutes les activités culturelles sont bonnes à prendre, qu’elles se pratiquent chez soi ou à l’extérieur, qu’il s’agisse de lecture, de musique, de télévision, de théâtre, de cinéma ou de visites de musées. Toute découverte d’une chose inconnue, tout apprentissage, développe les capacités cognitives. À commencer par la mémoire qui est la base d’un bon fonctionnement des fonctions dites exécutives, celles qui contrôlent l’exécution des conduites, le choix des stratégies, la prise de décision. Bref, ce qu’on appelle couramment l’intelligence, cette flexibilité mentale qui permet de s’adapter à une situation inédite.

Mais comment acquérir une mémoire d’éléphant quand on est plutôt du genre cervelle de linotte ? D’abord en y faisant appel le plus souvent possible dans la vie courante et en évitant de recourir systématiquement à des pense-bêtes, aide-mémoire et autres post-its. En tapant ses numéros de téléphone sans passer par la page de contacts. En mémorisant le programme télé de la soirée sans relire vingt fois le magazine spécialisé. En faisant la cuisine sans avoir le livre de recettes ouvert en permanence à côté de soi. Et puis abonnez-vous à un quotidien régional, parcourez-le complètement sans vous limiter aux faits divers ou à la rubrique nécrologique, apprenez par cœur les dix premières lignes de l’éditorial, faites deux ou trois jeux du genre sudoku ou mots fléchés en commençant par les plus faciles avant de constater vos progrès par la résolution des problèmes diaboliques. Et puis échangez avec les autres, inscrivez-vous dans des associations, participez à des actions bénévoles, débattez de tout et de rien. Petit à petit vous verrez vos capacités intellectuelles augmenter et votre mémoire se renforcer. Moi-même qui présente chaque année une centaine de journées de formation médicales devant des professionnels de santé qui pourraient être mes enfants, qui rédige chaque jour des pages d’écriture comme la présente chronique, qui anime un blog sur internet pour y prodiguer quelques conseils médicaux, je puis affirmer que je me sens intellectuellement en meilleure forme aujourd’hui que lorsque je passais, il y a tout juste cinquante ans, le concours de fin de première année à la faculté de médecine.

Mais cela ne suffit pas. Si l’on veut voir sa matière grise tourner à la vitesse d’un bolide de compétition, il convient de lui fournir un carburant adapté. Le cerveau a les mêmes besoins énergétiques qu’un muscle. On doit lui apporter, à chaque repas, des sucres rapides et des sucres lents pour éviter les hypoglycémies mortelles pour nos neurones. Il lui faut de bonnes graisses végétales pour ses membranes cellulaires et des protéines riches en acides aminés essentiels afin de fabriquer ses neurotransmetteurs. Sans oublier les vitamines B, indispensables au système nerveux, et celles à effet antioxydant, C et E. Et puis certains minéraux comme le magnésium, le zinc, le sélénium ou le phosphore pour faire des étincelles. En se rappelant qu’il vaut cent fois mieux apporter ces micronutriments par l’alimentation que par le biais de compléments nutritionnels.

Pour conclure, la solution de notre petit jeu. Peu importe votre réponse, les trois propositions étaient justes. Si l’on considère qu’il s’agit d’une suite de nombres impairs, c’est le 9 ; une suite de nombres premiers (divisibles par un et par eux-mêmes), c’est le 11 ; enfin, les personnes ayant constaté que le suivant de la liste devait répondre à l’équation [(n-1) x (n-2)] + (n-3) le tout divisé par 2 auront fort rationnellement choisi le nombre 16. En tous cas, ce qui est certain, c’est qu’en lisant entièrement cet article et en cogitant sur la question posée, vous êtes intellectuellement encore un peu plus performants qu’hier…

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