Selon les historiens, lors de la bataille de Tolbiac face aux Alamans, le roi des Francs, Clovis, craignant la défaite malgré ses multiples prières aux dieux païens, se résolut à implorer celui que vénérait son épouse Clotilde, une chrétienne burgonde. Une fois victorieux, Clovis témoigna sa reconnaissance en acceptant de se convertir au christianisme et de se faire baptiser. Au cours de la cérémonie, l’évêque Rémi du diocèse de Reims lui déclara : « Adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré. » Cette citation, qui marqua la naissance de l’identité française et chrétienne, passera dans le langage courant pour souligner la versatilité populaire… et politique. Malgré les sacrifices consentis depuis un an et demi, nos chers soignants en font actuellement l’amère expérience.

Après que l’on ait pleuré les médecins morts au champ d’Honneur faute de masque, après que l’on ait applaudi quotidiennement les professionnels de santé pour leur courageuse empathie et leur abnégation désintéressée face à la crise sanitaire, voilà à présent qu’on les stigmatise en les montrant du doigt. Regardez-moi donc ces infâmes qui refusent la vaccination ! Notre Ministre délégué, qui n’a pas dû souvent mettre la main dans le cambouis, assisté de son habituelle cohorte de spécialistes en Santé Publique et autres épidémiologistes médiatiques trop heureux d’avoir enfin trouvé une justification à leur existence, voue désormais aux gémonies ceux-là même qu’il a jadis adulés. Alors s’il n’en reste qu’un pour prendre leur défense, je serai celui-là…

D’abord, il faut peut-être se demander pourquoi les soignants sont aussi méfiants vis-à-vis de certains vaccins ? Simplement parce qu’ils sont aux premières loges pour appréhender leurs effets secondaires. Or ceux-ci sont pour le moins sous-estimés. Il se murmure dans les cursives des hôpitaux ou dans les couloirs des EHPAD beaucoup plus de choses qu’il ne s’en dit dans les allées du pouvoir ou sur les plateaux de télévision. Les pros de la Santé savent pertinemment qu’il faut une décennie et non pas une dizaine de mois pour fabriquer un vaccin. Inutile de sortir de la cuisse de Jupiter pour comprendre que dans leur course effrénée au profit, les fabricants ont forcément zappé certaines étapes de la mise au point de leurs produits, à commencer par la phase 3, celle de l’expérimentation humaine, pour passer directement à la phase 4 de commercialisation. De ce fait, les vaccins anti-Covid ont en réalité été testés en direct-live à l’échelle planétaire. Aux tests cliniques préalables, on a substitué la pharmacovigilance à postériori. On s’est basé sur les réactions de quelques centaines de volontaires pour extrapoler les conséquences de produits inédits sur des milliards d’individus jouant le rôle de cobayes. Il s’agit là d’une première dans l’Histoire de la médecine humaine.

Qui plus est, deux obstacles majeurs rendent dangereuse et illusoire une telle surveillance post-AMM. Primo, s’il existe des effets indésirables à court terme, d’autres peuvent mettre des mois voire des années à apparaitre, et alors qui fera le lien ? Surtout lorsqu’il s’agit d’un virus émergent et que la technique d’immunisation constitue elle-même une nouveauté, aussi bien pour les vaccins à ARN que pour ceux qualifiés de recombinants qui sont tous génétiquement modifiés. Comment peut-on soutenir auprès des soignants qu’un ARN messager n’engendre jamais de cancer alors qu’on oblige les mêmes à se vacciner contre le virus de l’hépatite B justement parce que son ARN provoque le cancer du foie ! Secundo, le pourcentage officiel de déclarations d’évènements indésirables demeure étonnamment faible par rapport aux cas réels. Les hôpitaux accueillent quotidiennement des personnes vaccinées contre la Covid et présentant des pathologies apparues après l’injection… mais non rattachées à celle-ci. Une sorte d’omerta imposée aux soignants, à part lorsqu’il s’agit d’un phénomène de masse trop visible comme les troubles de coagulation chez les adultes jeunes ou les myocardites chez les enfants. Et que penser de la pertinence d’une pharmacovigilance en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud ou dans certains pays peu démocratiques comme la Chine ou la Russie qui inoculent leurs propres vaccins, ce qui les dispense d’en dire du mal…

Mais il reste un point capital à aborder : celui de la responsabilité. Normalement, le Code Civil, dans son article 1245, stipule clairement que « le producteur est responsable du dommage causé par un défaut de son produit ». Mais une Directive Européenne du 25 juillet 1985 atténue considérablement la portée de cette protection du citoyen en imposant à la victime, dans son article 4, de « prouver le dommage, le défaut et le lien de causalité entre le défaut et le dommage ». Autant dire un épuisant parcours du combattant pour la solitaire victime de dégâts collatéraux. Et la même Directive enfonce le clou en libérant le laboratoire pharmaceutique de toute responsabilité si « l’état des connaissances scientifiques et techniques au moment de la mise en circulation du produit n’a pas permis de déceler l’existence du défaut ».

Par conséquent, un vaccin mis en vente précipitamment pour cause d’urgence pandémique ne pourra jamais donner lieu à la moindre indemnisation. Sauf si le gouvernement rend la vaccination obligatoire par décret, ce qui engagerait automatiquement la garantie juridique et financière de l’État et protégerait les éventuelles victimes des vaccins. De nombreux pays ont adopté cette Loi. Les hésitations du Ministre depuis des semaines à rendre obligatoire la vaccination anti-Covid au prétexte de respecter la liberté individuelle, sèment le doute et cristallisent les inquiétudes légitimes de nos compatriotes les mieux informés. Rappeler à nos soignants qu’ils sont les seuls à subir déjà deux des vaccinations les plus controversées du moment a été d’une rare maladresse. En tirer argument pour leur rajouter la vaccination anti-Covid frôle l’imbécilité absolue. Surtout avec des produits encore expérimentaux, dont on ignore tout de la toxicité réelle et dont l’efficacité fait de plus en plus débat.

Alors plutôt que de cibler celles et ceux qui ont choisi le pénible sacerdoce de se consacrer aux autres en leur accordant le meilleur d’eux-mêmes, octroyons-leur cette écoute bienveillante dont ils nous gratifient tout au long de l’année dans le respect du consentement libre et éclairé. Pourquoi imposer à nos soignants ce à quoi on n’oblige pas leurs compatriotes par manque de courage politique.  Surtout quand, dans le même temps, nos édiles s’avèrent parfaitement incapables d’empêcher les multiples rassemblements, aussi festifs que sauvages, qui, eux, sont véritablement à l’origine des clusters et de la diffusion des variants.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.