Cela fait donc exactement un demi-siècle que l’industrie pharmaceutique s’est emparée simultanément des deux antonymes pour servir ses intérêts. D’un côté, lorsque certaines médecines complémentaires, comme l’homéopathie, deviennent trop populaires à son goût en risquant de nuire à ses intérêts financiers, Big Pharma obtient leur interdiction en les qualifiant de vulgaires placebos. Parallèlement, le consortium pharmaceutique n’hésite pas à censurer les déclarations de pharmacovigilance à l’encontre de ses produits en évoquant cette fois l’effet nocebo. Les innombrables victimes du nouveau Levothyrox® ne remercierons jamais assez ce cartel d’avoir enfin trouvé une explication aussi psychanalytique que convaincante à leur souffrance. Les rares personnes ayant osé franchir le pas de la déclaration d’évènement indésirable, puis s’étant courageusement lancées dans le parcours du combattant signaleur, avant de passer enfin le poteau d’arrivée de l’épreuve, doivent alors supporter les quolibets du corps médical et les critiques médiatiques.

Cependant, en matière d’évènements secondaires indésirables, il convient de rappeler quelques éléments basiques donnant à réfléchir. Sachez d’abord que, pour des raisons d’éthique et de sécurité, les nouveaux médicaments ne sont pas expérimentés chez les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées dans les essais de la phase 3, celle dédiée à l’expérimentation humaine. On se base ultérieurement sur les observations empiriques de prescriptions fortuites ou sur quelques études très ciblées réalisées dans une poignée de services hospitaliers pour en extrapoler la probabilité d’une tolérance ou d’une toxicité dans l’ensemble de ces populations fragiles. De plus, un nouveau produit de santé est toujours testé isolément puis contre placebo en double aveugle, mais bien sûr jamais en association avec d’autres molécules pharmacologiques. Or, dans la vraie vie, les patients associent souvent plusieurs thérapeutiques, surtout quand ils avancent en âge. Ils sont alors contraints d’expérimenter eux-mêmes, comme des cobayes de laboratoires, les interactions potentielles. D’autant que les vérifications préalables de l’innocuité espérée ne se font que… sur des volontaires sains !

Par ailleurs, si l’on étudie un nouveau médicament à visée curative, c’est-à-dire destiné à guérir des malades, on peut admettre la survenue de cas d’intolérance au produit. Spécialement lorsque la pathologie concernée présente une relative sévérité comme les affections cardio-vasculaires, neurodégénératives ou cancéreuses pour lesquelles seul compte le rapport bénéfice/risque. Mais quand il s’agit d’un traitement à visée préventive que l’on donne à des gens bienportants pour qu’ils le restent, comme un vaccin par exemple, la simple perspective de déclencher des conséquences néfastes devient intolérable. Et ce risque s‘avère prégnant s’il s’agit de technologies nouvelles, insuffisamment explorées, pratiquées d’emblée à grande échelle, et accompagnées dans certains pays comme le nôtre d’une obligation pénale et de contrôles policiers.

Et que dire des experts et des politiques qui se relaient pour humilier les victimes collatérales en étiquetant, avec dédain, leurs symptômes de « psychosomatiques ». On a trop connu par le passé de telles situations où les autorités sanitaires et les pouvoirs publics refusaient d’admettre que des toxiques puissent produire leurs conséquences délétères de manière tardive, parfois des années plus tard. On pourrait ainsi citer des médicaments comme la Thalidomide, le Glifanan ou le Médiator ou des métaux comme l’amiante, le plomb ou le cuivre, interdits après des décennies d’atermoiements. Tout en laissant le mercure et l’aluminium continuer de polluer la majorité de nos nombreux vaccins obligatoires.

Pourtant, suite à la multiplication des scandales sanitaires dans notre pays, l’État a décidé en 1993 la création de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM), assistée par un réseau de 31 centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV). Ce système s’intègre dans l’organisation à l’échelle européenne de la pharmacovigilance. Les patients souhaitant déclarer un effet indésirable ont le choix entre deux options. La plus aléatoire consiste pour la victime de l’EIM à s’adresser à son Centre Régional de Pharmacovigilance dont elle trouvera les coordonnées sur le site de l’ANSM. L’autre alternative, certainement plus simple à défaut d’être toujours efficace, est de passer par le prescripteur du produit suspecté ou par le pharmacien en ayant assuré la délivrance. Ces professionnels de santé ont théoriquement l’obligation de remplir le dossier déclaratif et d’en suivre le cursus… S’ils en ont le temps !

Avec ce chemin semé d’embuches, on comprend mieux le faible taux d’enregistrement final sur l’ensemble des évènements iatrogéniques réellement vécus par les soignés et les vaccinés. Les études les plus optimistes annoncent 10%, les plus réalistes se contentant de 1%, ce qui est ridiculement faible et profondément regrettable sur le plan de la santé publique. J’ai, pour ma part, vainement tenté de signaler à mon CRPV la fatigabilité anormale ressentie pendant de nombreuses semaines après ma deuxième dose de Pfizer. J’attends toujours qu’on daigne me répondre. Ne serait-ce que pour m’opposer une nouvelle fois le très commode effet nocebo.

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